- Daniel Sauvant (2022)
- Jean Lossouarn (2021)
- Jacques Delage (2020)
- Louis-Aîmé Aumaître (2020)
- Jean Boyazoglou (2018)
- Olivier Lapierre (2012)
- Jacques Bougler (2007)
- Jean-Louis Tisserand (2007)
- Julien Coléou (2003)
Daniel Sauvant
- Cet hommage à Daniel Sauvant est disponible ci-dessous en français et en anglais et téléchargeable au format PDF en français ou en Anglais.
- This tribute is published in French and English below, and is available as a PDF file in English or in French.
Notre collègue, ami et Vice-Président, le Professeur Daniel SAUVANT nous a quittés le 19 mai 2022 à l’âge de 76 ans.
Daniel SAUVANT a été enseignant-chercheur en nutrition et alimentation animale de 1970 à 2011 à l'Institut National Agronomique Paris-Grignon (INA-PG) devenu AgroParisTech. Il y est resté Professeur Emérite jusqu’en 2021.
Il a occupé de nombreuses responsabilités tout au long de sa carrière :
- Directeur du Laboratoire INRA de Physiologie de la Nutrition et Alimentation, devenu l’UMR AgroParisTech-INRAE « Modélisation Systémique Appliquée aux Ruminants » (MoSAR), de 1985 à 2010
- Président du Département des Sciences animales de l'INA P-G de 1995 à 2006
- Président de l'Association Française de Zootechnie de 2000 à 2014 et Vice-Président depuis lors
- Membre de l'Académie d'Agriculture de France depuis 1995 et de l'Académie Vétérinaire de France depuis 2015
- Membre de plusieurs comités d'experts français (AFSSA, ANSES, CIIAA...) et internationaux
Daniel SAUVANT était un enseignant brillant, passionné par la transmission des connaissances. Doué d'un exceptionnel esprit de synthèse, il combinait dans ses enseignements un solide corpus de faits biologiques, des concepts rigoureux de quantification et de modélisation des phénomènes, et une approche pratique de l'alimentation des animaux d'élevage et de la conduite des troupeaux. Au cours de sa carrière, il a formé plus de 1000 étudiants Zootechniciens et suscité de nombreuses vocations dans le domaine des Sciences animales. Il s'est également beaucoup investi dans la formation continue et dans le conseil auprès des professionnels de l’alimentation animale ; ses interventions et la simplicité de son contact étaient toujours très appréciées.
Les travaux de recherche de Daniel SAUVANT ont profondément marqué le domaine de la nutrition et de l'alimentation animale. Cette activité extrêmement foisonnante et cohérente dans le temps s’est traduite par près de 1000 publications, dont 400 articles dans des revues à comités de lecture, c’est-à-dire en moyenne 8 articles par an en 52 ans de carrière !
Parmi ces travaux, on retiendra deux contributions majeures. D'une part, il a eu un rôle de premier plan dans la conception des systèmes d’unités d’alimentation animale, notamment pour les ruminants, avec leur traduction concrète dans les fameuses "Tables INRA", depuis leur première édition en 1978 jusqu'à leur dernière en 2018 à la fin du célèbre projet « Systali ». D'autre part, il fut un précurseur en matière de modélisation dans le domaine des sciences animales et il a su, de façon résolue et visionnaire, imprimer à son unité de recherche INRAE MoSAR une orientation "modélisation" qui lui est aujourd'hui très largement reconnue.
Au sein de l’AFZ, durant sa présidence, Daniel SAUVANT a été le promoteur de travaux qui font la notoriété de notre association. Il fut l’instigateur des Tables vertes parues en 2002 dont le succès fut tel qu’elles furent traduites en anglais, espagnol et… chinois. Toujours soucieux de faire évoluer les concepts et les outils, il accueillit une dizaine d’années plus tard avec enthousiasme l’idée de transformer l’ouvrage papier en un site web (Feedtables.com) accessible à tous. En 2006, il avait déjà contribué à l’émergence du projet de Tables Régions Chaudes devenu depuis le site mondialement connu Feedipedia.
Daniel SAUVANT, dans son souci de transmission, a toujours été particulièrement attentif à la réalisation des Journées d’études de l’AFZ . Il ne se contentait pas de réfléchir aux thèmes à aborder et de construire les programmes : chaque fois qu’il le pouvait, il préparait une communication et animait le séminaire.
Enfin, c’est sous sa présidence que le prix de thèse de l’AFZ a été lancé en 2008 : une belle façon d’encourager des parcours de recherche exceptionnels.
Daniel SAUVANT a également largement contribué aux activités de l’EAAP, en tant que membre du Conseil, représentant des pays francophones à l’Assemblée Générale et comme membre de la Commission Nutrition Animale pendant de nombreuses années. Il a reçu le prestigieux « Leroy Award » en 1996 ainsi que le « Distinguished Services Award » en 2013 lors du congrès de Nantes.
Un point moins bien connu de l'activité de Daniel SAUVANT est en lien avec ses racines ardéchoises, dont il était fier. Il était très impliqué dans la vie locale et écrivait régulièrement des articles pour une revue culturelle et historique. Il est notamment l’auteur d’un article consacré à l'œuvre d'Olivier de Serres (1539-1619), que l'on qualifie souvent de « père de l'agronomie française ».
Daniel SAUVANT était également féru de généalogie et avait retracé l’histoire de sa famille sur près de 5 siècles. De plus, passionné de patronymie, il excellait à appliquer dans ce domaine ses compétences en modélisation et analyse de données. Il se régalait, à chaque rentrée universitaire, à deviner les origines géographiques associées aux noms des étudiants, sous leur regard ébahi et admiratif.
C'est un grand scientifique qui disparait. Son souvenir nous accompagnera toujours et nos pensées affectueuses vont à sa famille.
Au nom de tous ses collègues,
Patrick Chapoutot1,3, Sylvie Giger-Reverdin2,Valérie Heuzé3, Jean-François Hocquette2,3, Christelle Loncke1, Rafael Munoz-Tamayo2, Claire Rogel Gaillard2, Gilles Tran3, Etienne Verrier1
1 AgroParisTech ; 2 INRAE ; 3 AFZ
English version
Our dear colleague, friend and Vice-President, Professor Daniel Sauvant passed away on 19 May 2022 at the age of 76.
Professor Daniel Sauvant taught nutrition and animal feeding from 1970 to 2011 at Institut National Agronomique Paris-Grignon (INA-PG), which became AgroParisTech in 2007. When he retired, he stayed on as Emeritus Professor for more than 10 years, until his death.
He held many responsibilities throughout his career:
- Director of INRA Laboratory of Nutrition Physiology and Feeding systems, which became AgroParisTech-INRAE MoSAR research unit (“Modélisation Systémique Appliquée aux Ruminants”, “Systemic modeling applied to ruminants”), from 1985 to 2010
- President of Department of Animal Science at INA P-G from 1995 to 2006
- President of the French Association of Animal Productions (AFZ, “Association Française de Zootechnie”) from 2000 to 2014
- Member of the French Academy of Agriculture since 1995 and of the French Veterinary Academy since 2015
- Member of several French and international expert committees
Daniel Sauvant was an extremely brilliant pedagogue, with a passion for knowledge transmission. Gifted with a great ability to synthetize, he combined a solid corpus of biological facts, rigorous concepts of quantification and modeling of phenomena, and a practical approach applied to animal feeding and livestock management. During his life long career, he trained more than 1000 students in animal science and inspired many vocations in animal nutrition. He also invested a lot of time in continuing education and in advising professionals in this sector; his interventions and his very approachable manner were very much appreciated.
Daniel Sauvant's research work has had a profound impact on the field of animal nutrition and is internationally recognized. This extremely abundant and consistent activity has resulted in nearly 1000 publications – written with more than 180 collaborators and cited about 5.000 times – including 400 in peer-reviewed journals, i.e., an average of 8 articles per year over his 50 year-career!
Among these works, two major contributions stand out. On the one hand, he played a leading role in the conception of animal feed unit systems, especially for ruminants, with their concrete application into the famous "INRA Tables", from their first edition in 1978 to their last one in 2018 at the end of the famous “Systali” project. On the other hand, he was a precursor in the field of animal science modeling and he knew, in a resolute and visionary way, how to give his INRAE research unit (MoSAR) a "modeling" orientation that is now widely recognized.
As President of the French Association of Animal Production (AFZ), Daniel SAUVANT promoted several projects for which our association is so well-known today. He was the instigator of the famous “Green Tables” published in 2002, which were so successful they were translated into English, Spanish and... Chinese! A decade later, always concerned with the evolution of concepts and tools, he enthusiastically welcomed the idea of transforming the paper book into a website (www.feedtables.com) accessible to all. In 2006, he contributed to the emergence of the “Tables des Régions Chaudes” project, which resulted in the world-famous website www.feedipedia.org, an encyclopedia of world animal feedstuff resources. In 2008, the “AFZ PhD award” was launched: a fine way to encourage exceptional research careers.
Always keen to pass on cutting-edge scientific knowledge to professionals, Daniel SAUVANT made sure AFZ seminars were held regularly. Not only did he propose topics to be discussed and design the programs, he also frequently prepared one or several communications or chaired and moderated these seminars.
Daniel Sauvant has largely contributed to the activities of the EAAP as member of the Council and as French representative at the General Assembly, he had been also member of the Animal Nutrition Commission for several years. He received the prestigious Leroy Award in 1996 and the Distinguished Services Award in 2013.
Another less well-known aspect of Daniel Sauvant's activity is related to his roots in the Ardèche region, in Southern France, which he was proud of. He was very involved in the local life and regularly wrote articles for a cultural and historical magazine. He is notably the author of an article devoted to the work of Olivier de Serres (1539-1619), who is often described as the "father of French agronomy".
Daniel Sauvant was very fond of genealogy and traced the history of his family over nearly 5 centuries.
He was also passionate about patronymics, and excelled in applying his modeling and data analysis skills to this field. At the beginning of every school year, he enjoyed guessing the geographical origins associated with the names of his students, before their amazed and admiring gaze.
A great scientist is gone. Our thoughts are with his family, his close collaborators and everyone he worked with.
On behalf of all his colleagues,
Patrick Chapoutot1,3, Sylvie Giger-Reverdin2,Valérie Heuzé3, Jean-François Hocquette2,3, Christelle Loncke1, Rafael Munoz-Tamayo2, Claire Rogel Gaillard2, Gilles Tran3, Etienne Verrier1
1 AgroParisTech ; 2 INRAE ; 3 AFZ
Jean Lossouarn
Le Professeur Jean Lossouarn nous a quittés le 26 août 2021, à l’âge de 75 ans. Depuis 2015, il profitait de sa retraite dans sa maison de Lohuec, dans la Bretagne rurale de son enfance qu’il aimait tant. De lui, nous garderons le souvenir d’un homme, d’un ami et d’un grand professionnel de la zootechnie.
Son parcours fut exceptionnel : fils d’agriculteur, et ne parlant que le breton, il découvrit la langue française à son entrée à l’école. Il poursuivit une scolarité brillante au collège de Guerlesquin, puis à l’école régionale d’agriculture des Trois Croix, devenue Lycée agricole du Rheu, où ses enseignants le convainquirent de poursuivre son cursus vers les classes préparatoires, qu’il fit à Saint-Louis. Il intégra l’Institut National Agronomique (aujourd’hui AgroParisTech) en 1967, à temps pour participer aux remises en cause des institutions universitaires en mai 1968. Son diplôme obtenu, Jean Lossouarn partit comme coopérant civil en Algérie, puis intégra à son retour l’équipe du Céréopa, bureau d’études dirigé par le professeur Julien Coléou au sein de la Chaire de zootechnie de l’INA. Devenu enseignant chercheur en 1977, il fit partie pendant près de quarante ans d’une équipe de zootechniciens talentueux. Enseignant très investi dans sa mission de transmission des savoirs, apprécié par des générations d’étudiants, il sut créer et mettre en place des actions pédagogiques originales autour de situations concrètes. Il fut aussi un chercheur passionné par les enjeux du développement rural en France et à l’international – Afrique et Amérique du Sud en particulier, ainsi qu’un intervenant actif dans le monde professionnel agricole, capable d’enthousiasmer une salle entière de techniciens en production laitière du Finistère en leur parlant breton !
Au cours de sa longue carrière, Jean Lossouarn a été amené à exercer différentes responsabilités. Il a été pendant de nombreuses années l'animateur d'une Unité de Formation et de Recherches de l'Agro (Développement des Filières Animales), tout en étant pendant treize ans vice-Président du Département des Sciences Animales de l'Agro. Il a aussi œuvré pour la création d'une Unité Mixte (UMR) entre l'Agro et l'INRA. Il a par ailleurs été le représentant de l'Agro auprès du pôle expérimental de la ferme de La Haizerie (Calvados), en coanimation avec l'ITCF (aujourd’hui Arvalis). Cette responsabilité l'a amené à concevoir, suivre et interpréter des expérimentations sur les bovins en croissance et les vaches laitières.
Capable d’une analyse hors normes et doué d’une faculté de synthèse tout aussi étonnante sur des sujets complexes, Jean Lossouarn n’a jamais perdu de vue les réalités de l’élevage et de l’agriculture sur le terrain. Sa capacité à saisir les enjeux en prenant à la fois les aspects généraux et particuliers d’une situation était aussi impressionnante que modestement énoncée. Jean n’était jamais suffisant ou pontifiant, et accueillait chaque réflexion avec une remarquable ouverture d’esprit tout en gardant ses propres convictions.
L’homme était aimable, jovial, d’humeur égale dans les bons jours comme dans les mauvais. Il avait toujours un mot gentil à dire. Le souvenir de ses grands éclats de rire est réjouissant. Jean était un conteur et un poète, il chérissait la langue, les langues : le Breton comme le Français. Il était aussi un remarquable passeur d’histoires et d’Histoire. Sa mémoire était phénoménale. L’ami était fiable, disponible et prêt à rendre service et à écouter quand on avait besoin d’un éclairage ou d’un conseil.
Jean nous manquera ; nous garderons son sourire et sa jovialité en mémoire. A sa famille, nous adressons toutes nos condoléances.
Kenavo Jean !
Emmanuelle Bourgeat, Patrick Chapoutot, Jean-Yves Dourmad, Valérie Heuzé, Jean-François Hocquette, Philippe Lescoat, Catherine Mariojouls, Daniel Sauvant, Gilles Tran
Jacques Delage
Jacques Delage est décédé le 30 Octobre 2020 à l'âge de 97 ans et ses obsèques ont eu lieu le 5 Novembre[1] dans la plus stricte intimité familiale, compte tenu du contexte sanitaire. Résumer l'activité de Jacques Delage en un hommage concis est une gageüre, mais en homme très organisé qu'il était, il avait écrit deux biographies (2010[2] et 2019[3]) que nous conseillons de consulter pour mieux apprécier l'œuvre immense de notre Maître. Nous nous attacherons à l'essentiel de son action qui était marquée par son souci permanent de donner vie au triptyque « Enseignement-Recherche-Développement». Après de brillantes études couronnées par une sortie en 1946 en tant que major de l'INA[4], Jacques Delage, séduit par l'enseignement et les activités de son charismatique Maître, le Professeur André Max Leroy, décide de faire carrière dans la Zootechnie. Après avoir franchi les différents grades de la hiérarchie, il lui succède en 1964.
Un Enseignant passionné et passionnant
Les cours de Jacques Delage se caractérisaient par une grande clarté si bien que même les choses compliquées devenaient compréhensibles ; il adoptait un ton bien à lui, posé et bien rythmé, associé à une diction parfaite et il s'appuyait sur des documents polycopiés clairs et bien illustrés. Son talent pédagogique a séduit des générations d'étudiants. Il a été le dernier Professeur à assurer seul les enseignements d'Alimentation, de Reproduction et de Génétique animales. Dans les années 60 - 70 l'INA a bénéficié d'une équipe de Professeurs remarquables dans le domaine des Sciences Animales, avec Jacques Delage entouré de Julien Coléou, Pierre Charlet et Henri LE BARS. Ces hommes, aux personnalités différentes, savaient se compléter harmonieusement et ont motivé des générations d'Agronomes pour la Zootechnie. A cette époque, leur spécialité de 3e année recrutait environ 15-20% des promotions d'Agros.
Persuadé de l'intérêt de la formation continue pour tisser des relations avec les professionnels des filières animales, Jacques Delage a créé des cours de perfectionnement en alimentation animale (1948) et en aviculture (1959) destinés aux Ingénieurs, Docteurs-vétérinaires, cadres et techniciens des professions intéressées. Ces deux cours (CSAAD et CSA[5]) seront repris par ses successeurs et perdureront une cinquantaine d'années formant ainsi des centaines de stagiaires, il a également contribué, avec Jacques Bougler, au lancement du CSAGAAD[6] qui a fêté ses 50 ans l'an passé. D'autre part, Jacques Delage a compris très tôt l'intérêt et la nécessité du lien Grandes Ecoles-Université et a créé une des premières passerelles en s'associant avec l’Université Paris VI dès 1964 pour une option "Nutrition Animale" du DEA[7] de Nutrition dirigée par le Pr Jean Trémolières.
Jacques Delage a cherché a donner une dimension internationale à ses activités d'enseignement, ses principales réussites sont (1) sa contribution à la création d'un enseignement zootechnique pour les Pays méditerranéens à l'IAMZ-CIHEAM[8] de Saragosse et (2) l'accompagnement du démarrage de l´Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II et la mise en place de ses programmes, en collaboration avec notamment Raymond Ferrando, Directeur de l'ENVA à l'époque, et localement avec Abdellah Bekkali, le premier Directeur de cet Institut. Notons que le Maroc a ainsi fait ce que la France n'avait encore jamais réussi, créer une filière de formation mixte "Agro-Véto". Il s'en est suivi un fructueux programme de collaboration de formation en Zootechnie sur plusieurs décennies avec des échanges réguliers d'étudiants et d'enseignants entre les deux Institutions. A propos de ces échanges saluons au passage le rôle essentiel de notre collègue Fouad Guessous, élève de Jacques Delage à l'INA, pendant toute sa carrière à l'INAV H II, couronnée par la fonction de Directeur de cet Institut.
Un chercheur éclairé
Convaincu de l'intérêt du lien symbiotique entre Recherche et Enseignement Supérieur, Jacques Delage a conduit ses premiers travaux, au sein du laboratoire du Pr Leroy. Ce laboratoire dynamique était alors un véritable "incubateur" de futurs talents, parmi eux se trouvaient notamment Jacques POLY et Raymond FEVRIER, futurs Directeurs Généraux de l'INRA. Ses premières recherches ont été principalement consacrées à l’énergétique alimentaire, à l’alimentation azotée et la production des vaches laitières. Voulant tracer sa propre route, il a créé en 1964 son laboratoire sur la nutrition des ruminants en association avec l’INRA . Ce Laboratoire, qu'il a dirigé jusqu'en 1975, a perduré jusqu'à ce jour à travers l'UMR AgroParisTech-INRAe "MoSAR[9]. Il en suivait les activités et avait été ravi du rôle majeur joué par cette UMR dans la création des nouveaux Systèmes d'Alimentation des Ruminants (INRA 2018). Par ses recherches, Jacques Delage a écrit de nombreuses publications et communications dans des colloques nationaux et internationaux. A ce propos, très jeune il a donné une dimension internationale à ses travaux en participant aux activités de la Fédération Européenne de Zootechnie (FEZ-EAAP[10]), créée en 1948 par le Pr Leroy. Dans cette Institution, il a été notamment Président de la Commission Production Bovine puis Vice-Président du Conseil de la FEZ. Il a contribué en outre à l’organisation des congrès mondiaux de zootechnie tenus à Paris en 1949 et 1971. La « Distinction pour services éminents » de la FEZ lui a été décernée en 1993.
Un acteur fidèle du lien avec le Développement de l'Elevage
Jacques Delage a toujours tissé des liens étroits avec les secteurs professionnels, notamment pour mieux finaliser ses activités d'enseignement et de recherche, pour vivre concrètement le lien Science-Technique et pour assurer un meilleur placement de ses étudiants. Dans ce domaine, le tandem Jacques Delage - Julien Coléou fonctionnait à merveille ! Pour concrétiser ce lien et être reconnu il était pour lui essentiel de tenir un rôle d'acteur au sein des milieux professionnels. Trois exemples peuvent témoigner de cet état d'esprit. (1) Jacques Delage a participé en 1946 au lancement de la "Revue de l’Elevage", qui fut dans ce secteur la première revue spécialisée à grand tirage et pour laquelle il a été pendant près de trente années le rédacteur en chef. (2) Jeune enseignant, il participait au contrôle laitier de Seine-et-Marne. Motivé par cette organisation, il a exercé les fonctions de secrétaire des syndicats de contrôle laitier (1947-1954), puis de secrétaire général de l'UNLG[11] depuis sa création en 1959 jusqu’en 1996. Une partie de ces services était abritée au sein même de l'INA. (3) Enfin, Jacques Delage aimait à rappeler qu'il participait chaque année au jury du concours de la meilleure laitière du CGA au SIA[12].
Un talent d'organisateur au service de la haute administration
Un grand Directeur de l’Institut National Agronomique Paris-Grignon : en 1975, Jacques Delage est nommé à ce poste, il a exercé cette fonction pendant près de 15 ans. Il s'est largement engagé pour achever de "cimenter" les deux anciennes Ecoles de Paris et Grignon, en particulier à travers la création des Départements d'Enseignement et de Recherches. Au cours de cette période, il a assuré également la responsabilité du concours commun d’admission à l’INA-PG et aux autres ENSA. Il a aussi travaillé à la rénovation des programmes des classes préparatoires et diversifié les recrutements de ces Ecoles. Sur le centre de Grignon, Jacques Delage a contribué à créer le CBAI[13] et y a transféré la station de recherche INRA de Bioclimatologie. Plus largement, il a contribué à la création du nouveau centre INRA GMP[14]. Il a également réorganisé la ferme expérimentale en une vitrine des techniques avancées pour les nombreux visiteurs professionnels et scolaires, par ailleurs il a mis en place une chaîne de transformation du lait et établi un circuit court avec une boutique de vente de produits issus de la ferme de Grignon et des fermes des Lycées Agricoles français.
Le porteur de l'habilitation des Doctorats : lorsqu'on considère l'ensemble des activités de Jacques Delage on ne peut être que frappé par son attirance pour des fonctions organisationnelles où il excellait. En effet, outre les nombreuses responsabilités évoquées précédemment, il a assumé la fonction de chargé de mission pour l’enseignement supérieur auprès du DGER[15] au Ministère de l’Agriculture (1970-1975). Il pu ainsi influer l'orientation des structures de l’Enseignement Supérieur Agronomique avec notamment le renforcement de ses liens avec la Recherche et les Universités. Sa principale réussite à ce poste a été le développement des formations doctorales dans les sciences agronomiques, avec l’habilitation des Ecoles d’Ingénieurs relevant du Ministère de l’Agriculture à délivrer le diplôme de Docteur-Ingénieur (1975) puis le Doctorat (1988) avec les conséquences très favorables au positionnement international de ces Ecoles. Devenu ainsi un des spécialistes français des formations d’Ingénieurs, il a été invité à siéger au bureau de la Commission des Titres d’Ingénieurs (1976-1992), notamment pour aider à mieux définir le partenariat Grandes Ecoles-Entreprises.
Un retraité et Académicien actif
Après son admission à la retraite, de 1991 à 1996, plusieurs missions ont été confiées à Jacques Delage par le Ministère de l’Agriculture sur des questions relatives à l'organisation de différentes filières de formation. Il a en outre joué le rôle de modérateur auprès de la CNECA[16], permettant ainsi l'alignement des statuts des enseignants du Supérieur Agricole sur ceux des Universités.
Dès 1979, Jacques Delage est devenu membre de l’Académie d’Agriculture de France puis Président en 2001, contribuant à en préciser les objectifs « Agriculture, Alimentation, Environnement ». Il a également suscité un rapprochement avec l’Académie Nationale de Médecine avec l'organisation de séances communes. En outre, Jacques Delage a été impliqué dans la préparation du Colloque organisé par l’Académie d’Agriculture de France sur « L’Enseignement agricole, quels apports à la société ? » qui s’est tenu à l’UNESCO en 1999, avec 500 participants, et dont il a tiré la synthèse. Il s’est aussi attaché à initier des séances communes, notamment sur le bien-être animal et sur la traçabilité, avec l’Académie Vétérinaire de France dont il est devenu membre en 1984 puis Président en 1995. Notons qu'il a été au XXe siècle la seule personne à avoir été Président de ces deux Académies. Il a notamment amorcé au cours de cette année de seconde présidence une actualisation des statuts et du règlement intérieur, et a procédé à une analyse de l’état du développement des recherches dans les Ecoles Nationales Vétérinaires. Après son mandat de Président il a continué ses activités en animant à l’Académie Vétérinaire les Commissions « Elevage et Productions animales » et « Elevage et Santé publique ».
Un Jubilé remarquablement organisé en 1996 par Julien Coléou et François MARCHON, à été l'occasion à de nombreuses personnalités françaises et étrangères de retracer les multiples facettes de son exceptionnel parcours professionnel. Le bilan de ses activités lui ont aussi valu d’être Commandeur du Mérite Agricole (1988) et promu Commandeur de la Légion d’Honneur (2001).
Jacques Delage a fait preuve d'une solide santé et d'une vitalité exceptionnelle à des âges où la plupart ont "décroché". Jusqu'à des temps récents il échangeait avec ses anciens collègues et semblait prendre un malin plaisir à leur poser des questions souvent remarquables par leur précision et leur opportunité. Enfin à plus de 90 ans il a continué à rédiger des textes et à présenter des discours étonnants de fraîcheur et de bon sens.
Travailleur infatigable, Jacques Delage a eu la chance de pouvoir combiner une grande intelligence, une fantastique mémoire et un exceptionnel sens de l'organisation. Ces qualités impressionnaient ses collaborateurs et interlocuteurs et créaient d'emblée une certaine distance. Il était doué d'une infaillible cordialité et a régulièrement fait preuve de qualités humaines indéniables. On peut dire qu'il a fait un parcours "sans faute" et, quand on considère l'ensemble de son œuvre, on se demande comment il a pu tout réussir et on ne peut être qu'admiratif et se sentir très humble... Il nous parait aussi essentiel d'associer à cet hommage sa secrétaire de toujours, Madame Denise KYSELY-BORELLY. En effet, c'est en grande partie grâce à cette assistante particulièrement efficace et organisée que Jacques Delage a pu conduire de front ses nombreuses activités, et ce jusqu'à des temps très récents.
Plus que tout autre il aimait l'Agro et la perspective de la vente des glorieux sites de Paris et de Grignon engendrait en lui une certaine nostalgie et lui faisait craindre que l'Ecole y perde en partie son âme et son prestige.
Avec le décès de Jacques Delage, la France perd un de ses grands Zootechniciens du XXe siècle et un acteur majeur de son Enseignement Supérieur Agronomique.
Daniel Sauvant et Jean Lossouarn
[1] Au cimetière du Montparnasse
[2] Document réalisé à l'occasion de l'inauguration de la Salle Jacques Delage à AgroParisTech.
[3] Archoriales INRA n°19; https://belinra.inrae.fr/index.php?lvl=notice_display&id=185280
[4] Institut National Agronomique, devenu INA Paris-Grignon (INAPG) après la fusion entre les deux écoles en 1970, puis AgroParisTech en 2007.
[5] Cours Supérieur d'Alimentation des Animaux Domestiques et Cours Supérieur d'Aviculture construit conjointement avec l’ENV d’Alfort et l'Institut Technique de l'Aviculture.
[6] Cours Supérieur d'Amélioration Génétique des Animaux Domestiques.
[7] Diplôme d'Etude Approfondies (= Master 2 actuellement).
[8] Mediterranean Agronomic Institute of Zaragoza et Centre International de Hautes Études Agronomiques Méditerranéennes.
[9] Modélisation Systémique appliquée aux Ruminants.
[10] European Association of Animal Productions devenu récemment European Association of Animal Science.
[11] Union Nationale des Livres Généalogiques
[12] Concours Général Agricole au Salon International de l'Agriculture à Paris
[13] Centre de Biotechnologie Agro-industrielle
[14] Grignon-Massy-Paris
[15] Directeur Général de l'Enseignement et de la Recherche
[16] Commission Nationale des Enseignants-Chercheurs de l'Agriculture.
Louis-Aimé Aumaître
Louis-Aimé Aumaître est né en 1935 dans un petit village du Bourbonnais, Saint Agoulin, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Après avoir été en classe préparatoire à Clermont Ferrand, il a intégré Grignon en 1957. Là, il a été séduit par ses enseignants en Zootechnie ainsi que par les conférences que les chercheurs INRA de Jouy-en-Josas venaient régulièrement faire. Il a donc décidé d'entrer à l'INRA en 1959-60 et a été recruté à la Station de Recherches sur l’Elevage des Porcs dirigée alors par Alain Rérat. Son début de carrière a été freiné par sa mobilisation en Algérie en tant que Lieutenant de réserve à la période très troublée de fin de la guerre (1961-1962). Cette expérience l'a fortement marqué, car il l'évoquait assez souvent, elle lui a sans doute permis de se forger une vision de la vie et de démontrer des qualités humaines qui lui ont certainement servi au cours de sa carrière.
Toute sa carrière de chercheur s’est déroulée à l'INRA. D’abord à Jouy-en-Josas où il a notamment participé avec Alain Rérat et Yves Henry au lancement des Journées de la Recherche Porcine en 1969, et a contribué régulièrement aux débats de ces journées qui se sont imposées comme un des principaux congrès mondiaux sur la Production Porcine (52 éditions à ce jour). Puis, vers 1975-80, il a été avec Yves Henry, nouveau directeur de la Station de Recherches Porcines, lui étant directeur adjoint, un acteur majeur de la construction du nouveau centre de recherches de Rennes-Saint-Gilles dans le cadre de la politique de décentralisation de l’INRA. Sa carrière a continué à progresser en grade et en responsabilités, particulièrement grâce à ses travaux sur les bases physiologiques des techniques de sevrage précoce des porcelets. Il a aussi été un pionnier des recherches sur l’impact de la production porcine sur l’environnement et sur le bien-être animal. Sa production scientifique soutenue, avec plus de 150 publications scientifiques internationales, lui a permis d’être cité près de 2000 fois dans la bibliographie mondiale par ses pairs. Cette notoriété, acquise très tôt, a abouti à sa nomination à l’INRA, comme Chef du Département de Recherches sur la Nutrition et l'élevage des Monogastriques, charge qu’il a exercée de 1985 à 1994. A ce poste difficile d'animation de la Recherche il a su se faire apprécier grâce à une culture scientifique très étendue, à son respect des hommes et à son indéniable charisme.
Aimé Aumaître a été un fidèle représentant français à la Fédération Européenne de Zootechnie (EAAP). Il en est devenu Président et a œuvré de 2000 à 2004, succédant en tant que français au professeur A.M. Leroy, créateur de la FEZ et premier président de l’Association en 1949. Ses connaissances globales en Zootechnie, ses qualités humaines, son sens de l'organisation et sa maitrise des langues étrangères lui ont permis d'être un Président très apprécié. Il avait été nommé Président d'Honneur de cette association au congrès de 2019.
Aimé Aumaître était membre titulaire de l'Académie Vétérinaire de France depuis 1993 et Membre correspondant de l'Académie d'Agriculture de France depuis 1995. Son domicile en province et ses soucis de santé ne lui ont pas permis d'être souvent présent après 2004, cependant il n'hésitait pas à faire connaître son avis lorsque le thème abordé relevait de sa compétence. Il était Commandeur du Mérite Agricole et Chevalier de l'Ordre National du Mérite.
Aimé Aumaître a eu une belle carrière de chercheur, ayant su associer la rigueur scientifique à une véritable ouverture d'esprit et des qualités humaines rares qui l'ont fait apprécier des très nombreuses personnes qu'il a eu l'occasion de croiser et côtoyer. Il est décédé après une longue et cruelle maladie le 24 septembre 2020.
Daniel Sauvant et Bernard Sève
Jean Boyazoglu
Beaucoup de zootechniciens ont dû être très affectés en apprenant la disparition de Jean Boyazoglu, survenue à Menton le 17 mai 2018 à l’âge de 81 ans. Les membres de l’AFZ sont très tristes parce qu’ils ont perdu un membre fondateur et qu’il a toujours soutenu les actions de notre association. Il le disait lui-même, il voulait montrer par là son attachement à notre pays et aux spécialistes zootechniciens qui l’ont formé et auxquels il était très redevable.
En effet, s’il était né en Egypte de parents grecs et s’il avait d’abord étudié la zootechnie en Afrique du Sud, sa vocation pour la génétique animale et pour les petits ruminants s’était concrétisée lors de sa venue en France au début des années 60. Il a été accueilli dans le laboratoire de l’INRA de Jacques Poly et de Bertrand Vissac où il a entrepris les premières études sur ovins laitiers qui seront ensuite poursuivies par Jean-Claude Flamant sur le thème : « l’amélioration génétique des brebis laitières de race Lacaune dans le rayon de Roquefort ».
Pendant sa carrière, il est toujours resté fidèle au secteur qui l’avait passionné au cours de ses études : les petits ruminants, et aux zones géographiques qu’il avait connues dans sa jeunesse : les pays méditerranéens. Il s’en servait comme références ou cas concrets vis à vis des nouveaux domaines qu’il aimait approfondir comme la mise en valeur des territoires, les systèmes de production en zones marginales, la qualité et le marché des produits agricoles, etc.
Il a continué ses recherches sur les petits ruminants à l’Université de Prétoria pour aboutir rapidement à la fonction de directeur de recherches à l’Institut de Recherches sur les productions animales jusqu’en 1973. Alors s’ouvre une période où il cherche à développer ses connaissances sur l’Agriculture africaine et il remplit les fonctions de conseiller pour la recherche et le développement agricoles dans divers pays africains, notamment au Gabon. Puis il devint conseiller agricole à l’ambassade d’Afrique du Sud à Paris et à Los Angeles. En 1986, nous l’avons vu revenir à ses premières passions, les productions animales, en devenant secrétaire général de la FEZ/EAAP à Rome, retrouvant une structure co-fondée par le Professeur Leroy qu’il avait bien connu quand il était étudiant à Paris. Puis il rebondit quelques années plus tard, en 1993 en devenant à la FAO, fonctionnaire principal, coordinateur des réseaux coopératifs européens pour la recherche (ESCORANA) et des réseaux inter-régionaux Europe Proche-Orient. C’est là que beaucoup d’entre nous l’ont connu et ont apprécié ses qualités de meneur d’équipe : volonté, qualité de l’écoute et psychologie. Il a développé et soutenu en particulier le réseau de recherches coopératives sur les petits ruminants en y mettant toute son énergie. Il y a associé le Centre International des Hautes Etudes d’Agriculture Méditerranéenne (CIHEAM) ; ce qui a permis d’élargir nettement les zones d’influence de ce réseau. C’est grâce à lui que Jean-Claude Flamant et moi-même avons été nommés coordinateurs des sous-réseaux Ovins en zone méditerranéenne et Caprins. Dans ce cadre, les contacts entre les chercheurs Nord-Sud ont permis d’obtenir des retombées importantes dans les domaines de la génétique, de la nutrition et des systèmes de production. Enfin en 1997, il retourne à la FEZ en tant que vice-président exécutif. Il fait évoluer cette fédération en tenant compte des récents acquis scientifiques dans le secteur des productions animales et des nouvelles demandes des consommateurs, et il met en place des relations avec plusieurs confédérations étrangères s’intéressant spécifiquement à la zootechnie, en particulier aux Etats-Unis.
Son action dans le domaine caprin mérite d’être décrite pour faire comprendre comment il pouvait faire bouger les lignes, même dans un secteur très traditionnel. Il connaissait bien la situation du secteur caprin dans les années 70-80 : 95% des effectifs dans les pays en développement, les éleveurs de chèvres parmi les plus pauvres dans de nombreux pays, la recherche caprine embryonnaire ou même inexistante dans certains pays excepté dans quelques pays industrialisés et pourtant 4è troupeau au monde par son effectif. Il avait eu aussi connaissance des échecs antérieurs de certaines initiatives internationales. Alors il a organisé des contacts entre plusieurs chercheurs américains qu’il connaissait, certains collègues européens qu’il avait connu en Afrique et ceux qui avaient déjà pris des initiatives dans ce secteur. Après un temps nécessaire pour se connaître et pour se comprendre, tout le monde tombe d’accord pour organiser une grande conférence internationale (ICG) aux Etats-Unis en 1981. Ce fut une belle réussite mettant en lumière le besoin de communiquer des chercheurs travaillant sur caprins à travers le monde. Il fallait donc mettre en place une structure pérenne pour organiser ces conférences et pour diffuser l’information internationale caprine. Ce fut fait en 1982. C’est l’International Goat Association (IGA). Jean Boyazoglu est, bien sûr, membre fondateur et va pendant plus de 20 ans être très actif au sein d’IGA. Il en sera le Président de 1992 à 1996. Il sera le négociateur auprès d’Elsevier pour créer la revue scientifique Small Ruminant Research à laquelle IGA est associée. Il en sera Rédacteur en Chef de 2005 à 2012. Dans cette fonction, il s’efforça de faire connaître les équipes de recherches travaillant sur les petits ruminants. Ceux comme moi qui avons été très proches de lui dans cette tâche, nous avons pu constater sa détermination pour qu’un article intéressant dont les auteurs n’avaient pas l’habitude d’écrire dans les revues scientifiques internationales, puissent être publiés. Il nous fallait retravailler avec les auteurs pour aboutir à un résultat satisfaisant. C’est là que nous avons pu apprécier ses qualités humaines remarquables. Dans ses différentes tâches, il avait l’art de favoriser la démarche de la recherche et la rigueur scientifique d’une part, et d’autre part, d’être toujours à l’écoute du terrain et en particulier d’être sensible aux problèmes humains que posent les acteurs des filières ovines et caprines.
Au cours de sa carrière, il eut de multiples autres activités, notamment dans le domaine scientifique et académique. Il est impossible de toutes les évoquer : Professeur dans huit universités dont celle de Pretoria et l’Université Aristote de Thessalonique. Membre ou président de nombreux comités scientifiques comme au CIHEAM et à l’OIV (Office International de la vigne et du vin) ou encore au conseil pour la Science et la Technologie des Etats-Unis, membres de plus de dix Académies d’Agriculture ou sociétés savantes de par le monde. Il a écrit plus de 250 articles scientifiques dont certains dans des grandes revues internationales.
Enfin sa culture générale nous étonnait toujours car il pouvait parler aisément sur de nombreux sujets où on ne l’attendait pas. Citons quelques uns de ses domaines de prédilection : l’histoire du Proche-Orient (notamment l’Antiquité), la céramique (il était co-auteur du livre référence sur la faïence de Delft), le vin (expert et historien des cépages et des sites de production), etc.
Quand on évoque cette immense carrière et ses nombreuses réussites, on ne peut qu’être admiratif et être très heureux d’avoir participé aux actions qu’il a développées. Alors un seul souhait : que les générations futures de zootechniciens puissent s’inspirer de son exemple.
Merci, Jean
Pierre Morand-Fehr, INRA
Olivier Lapierre
Le professeur Olivier Lapierre nous a quitté en septembre 2012. Avec son énergie, son dynamisme, son allure jeune et sportive, nous l’imaginions parmi nous pour toujours. Repéré par Julien Coléou, Professeur de zootechnie, il débuta après ses études à l’INA P-G une carrière d’enseignant-chercheur en zootechnie qu’il conduira brillamment jusqu’aux plus hautes marches. Son attachement à l’établissement était total, même s’il prenait ses distances avec les instances de gouvernance. Directeur de la formation continue et des relations aux entreprises, il fut un temps directeur de l’ITIA (Formation d’Ingénieur conjointe ISIVE et CNAM). Il créa aussi Masternova (Mastère Spécialisé Management de l’Innovation Technologique dans les Agro-Activités et les Bio-Industries) et fut le co-fondateur de la spécialisation GIPE (Gestion, Innovation et Performance des Entreprises du vivant), qui devint rapidement une des spés les plus demandées. Il a enfin été extrêmement impliqué dans l’apprentissage, voie qu’il considérait comme particulièrement adaptée pour former des ingénieurs. Enfin, il fut toujours très impliqué dans la spé Zoot. Sa foi dans les étudiants de l’agro était extraordinaire. Aucune démagogie pourtant dans ses relations avec eux : il les voulait ambitieux mais prêts à se remettre en cause, brillants mais modestes et, toujours, travailleurs. Il fallait qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, lui-même ne ménageant jamais son temps ni son énergie pour les encadrer dans leur travail ou les accompagner dans leur projet professionnel. Mais Olivier avait un don pour créer la motivation chez les étudiants et tous s’impliquaient avec enthousiasme dans ses enseignements et projets.
Olivier, c’était aussi un chef d’entreprise. Il avait, au départ de Julien Coléou, pris la Direction du Cereopa (Centre d’Etudes et de Recherche sur l’Economie et l’Organisation des Productions Animales). Mais, comme du temps de Julien Coléou, le Cereopa n’était pas un bureau d’études comme les autres. Olivier l’avait qualifié de « copilote amical », pour exprimer la nature des relations qu’il voulait créer avec les entreprises et organismes partenaires. De ces nombreux partenariats, de cette proximité avec le monde professionnel, Olivier faisait toujours bénéficier les étudiants. Ses enseignements étaient toujours au cœur des préoccupations du monde des filières animales ou agricoles et alimentés par ce même monde professionnel, au travers d’interventions, de voyages d’études ou de stages. Son important réseau était également à la disposition des étudiants dans leur recherche d’emploi. Il a ainsi profondément marqué 35 promotions de zootechniciens, 12 promotions de Masternova, 9 promotions de Gipiens et toutes les promotions d’apprentis depuis la création de ce cursus.
Olivier, c’était un esprit vif et aiguisé. C’était aussi un esprit d’une grande inventivité : les idées, toujours pertinentes et novatrices, se succédaient à un rythme peu commun. Il fallait suivre ! De ses idées sont nés des projets d’envergure, notamment la Banque de Données de l’Alimentation Animale, Prospective Aliment, Produire du Lait Autrement, Grignon Energie Positive. Ses travaux, au cours des années 80 et 90, ont été dominés par la volonté qu’il avait d’accompagner les entreprises des filières animales dans l’amélioration de leurs systèmes d’information et de décision. Il avait inventé une expression qui regroupait ces préoccupations d’aide à la décision, de modélisation, d’optimisation : la praxéologie des systèmes complexes. Puis, au début des années 2000, et sans abandonner ses préoccupations premières, Olivier a pris le tournant de ce qu’il qualifiera quelques années plus tard d’Agriculture Positive. Cet extrait du blog qu’il avait récemment créé en définit l’origine : « Las des discours qui depuis des années dénigrent les progrès réalisés par l'agriculture française qui a permis à notre société de sortir d'une situation où sa sécurité alimentaire n'était pas garantie pour accéder au rang de leader mondial sur les marchés de l'agriculture, ce blog présente une approche optimiste du développement de l'agriculture ». Grignon Energie Positive a été l’aboutissement de cette démarche.
Olivier a toujours eu la volonté de s’entourer d’une équipe de jeunes, pour laquelle il avait beaucoup d’affection. Il avait instauré dans son équipe la parité avant la lettre. Il portait une grande attention aux individus, toujours sensible à leurs peines ou difficultés. Il avait aussi de petites attentions, comme des déjeuners au restaurant ou encore ses cadeaux de début d’année destinés à aiguiser les consciences. Le dernier fut un petit ouvrage de Paul Valéry, « Le bilan de l’Intelligence ». Enfin, nous suivions avec intérêt ses exploits sportifs. Il nous épatait avec les chronomètres réalisés dans les marathons auxquels il a participé à travers le monde.
Son souvenir nous accompagnera toujours. A ses proches, nous adressons toute notre affection.
Pour son équipe et ses collègues proches,
Emmanuelle Bourgeat, AgroParisTech
Jacques Bougler
Jacques Bougler nous a subitement quittés en cette fin d’été 2007. Pour tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer, il laissera le souvenir d’un enseignant de grande classe et d’un scientifique dévoué au développement de l’élevage.
Né dans une famille d’agriculteurs, en Picardie, il fit ses études à l’Institut National Agronomique (INA) à Paris, dont il sortit major de promotion en 1959, puis à l’ENSAA de Dijon. Il fit toute sa carrière à l’INA, où il fut recruté comme Assistant en 1960 par le Professeur Jacques Delage et où il fut promu Professeur (PR1) en 1982. Jacques Bougler a enseigné à de nombreuses générations la génétique animale, depuis ses fondements scientifiques jusqu’à l’analyse de la diversité des programmes d’amélioration. Avec son maître, Pierre Charlet, il a développé un enseignement original de zootechnie comparée. Jacques Bougler a marqué l’enseignement en France par la création, en 1969, d’un cours de formation continue, le CSAGAD, qu’il a organisé jusqu’à son départ à la retraite en 2001. Ce cours a touché une majorité des cadres des entreprises et organismes de sélection animale en France et un nombre substantiel d’enseignants des lycées agricoles. Jacques Bougler fut un acteur majeur de l’organisation de la sélection animale en France et de la mise en oeuvre de la Loi sur l’Elevage de 1966.
Pendant plus de 30 ans, il dirigea l’UNLG (Union Nationale des Livres Généalogiques, devenue France UPRA Sélection). Il a largement oeuvré au passage des anciens livres généalogiques à des structures de type UPRA. Il fut un membre assidu de la Commission Nationale d’Amélioration Génétique (CNAG) du Ministère de l’Agriculture, où ses avis pondérés étaient écoutés. Il agit activement pour la promotion des races animales françaises, par une présence régulière au Concours Général Agricole et en accompagnant la SOPEXA dans des missions à l’étranger. Jacques Bougler fut aussi un fidèle compagnon de route du Département de Génétique Animale de l’INRA, dont il fut membre du conseil scientifique, et avec qui il joua un rôle de premier plan lors de la création du GIE Labogena. Il prit une part active à la vie de la Société d’Ethnozootechnie, dont il fut membre du conseil d’administration. Jacques Bougler fit toujours preuve d’éclectisme dans le choix de ses terrains d’étude et dans son activité de développement. Il était à la fois convaincu de la nécessité de doter les « grandes » races d’une organisation solide et de programmes de sélection performants et de la nécessité de préserver les races menacées. Il eut un rôle important dans l’émergence de la notion de ressources génétiques animales et dans les actions pour la caractérisation et la conservation de ces ressources. C’est lui qui coordonna le premier inventaire des ressources génétiques animales françaises, en 1985, qui fut intégré à la base de données de la FEZ et est régulièrement actualisé sous la responsabilité du Bureau des Ressources Génétiques.
Au sein des équipes qu’il dirigeait, à l’INA ou à l’UNLG, comme dans les instances et groupes de travail auxquels il participait, Jacques Bougler faisait preuve de profondes qualités humaines. Convaincu de la valeur de l’engagement, il poussait ses collaborateurs à prendre des initiatives et à accepter des responsabilités, tout en veillant scrupuleusement à la cohésion du groupe. Interlocuteur apprécié et respecté, il fut un véritable créateur de liens, notamment à une époque où les structures chargées de l’interface entre les équipes de recherche et les acteurs de la sélection étaient peu ou pas développées. La réussite professionnelle de Jacques Bougler fut grande, elle ne l’a pas détourné d’une discrétion et d’une modestie qui étaient une seconde nature chez lui. Avec Jacques, nous perdons un maître aimé et estimé, un ami. Puissions-nous faire vivre et évoluer ce qu’il a bâti avec tant de détermination, et retenir et valoriser ce qu’il nous a transmis avec tant de générosité.
Etienne Verrier, Professeur à AgroParisTech
Article paru dans : "INRA Productions Animales" 2007, volume 20, n°4, p 274
Jean-Louis Tisserand
Le professeur Jean-Louis Tisserand, qui participa sans relâche à la vie de notre Association française de zootechnie, est décédé le 8 juin 2007 à Dijon. Ce fut un des zootechniciens renommés des cinquante dernières années. Né à Nancy en 1932, il fit ses études à Paris à l’Institut National Agronomique (1953-1956) et à l’Université Paris-Sorbonne en Biologie et Physiologie. Il fit ensuite une brillante carrière de chercheur et d’enseignant en zootechnie. D’abord assistant, puis chargé de recherches à l’INRA auprès de M. Zelter (1955-1962), il fut ensuite chef de travaux, puis maître de conférence en Zootechnie à l’INA (1966). Il quitta ensuite Paris pour Dijon en 1967, où il fut nommé professeur de Zootechnie à l’Ecole Nationale des Sciences Appliquées (ENESAD) récemment créée et y enseigna jusqu’à la fin, même après sa retraite (1998). Dans le domaine de la recherche, sa spécialité fut l’alimentation et la nutrition des herbivores de différentes espèces (ovins, bovins, caprins, camélidés et notamment les équidés). Il étudia en particulier l’utilisation des fourrages pauvres, la conservation des fourrages par ensilage, l’utilisation de l’azote non protéique par les ruminants, la digestion des aliments par les équidés, la valorisation des protéagineux. Auteur de 49 publications et de 82 communications scientifiques, il encadra 24 thèses et de nombreux mémoires d’étudiants.
Il consacra aussi une part importante de son activité au développement de l’élevage dans sa région de Bourgogne et en Franche-Comté (systèmes laitiers et systèmes de production de viande, valorisation des fourrages et des sous produits, élevages caprins, porcs coureurs) en relation directe avec les éleveurs et avec leurs organisations (Chambres d’Agriculture, Instituts Techniques…) ou avec les organisations territoriales (Parc Régional du Morvan…). Il participa à de nombreux groupes de travail nationaux avec les Instituts techniques agricoles (ITEB, ITOVIC, ITCF…). Il apporta toute sa compétence, son dévouement et une partie de son temps aux activités et à l’animation de diverses associations françaises dans son domaine de recherche et d’enseignement : zootechnique, (AFZ, dont il fut secrétaire de 1994 à 2007), fourragère (AFPF), nutritionnelle (AFN) ; ainsi qu’à l’Académie d’Agriculture de France dont il fut correspondant (1987) puis membre (2002). Il fut appelé comme conseiller technique, en charge de l’enseignement supérieur agronomique, au cabinet de Ministres de l’Agriculture (1968-1972, B. Pons, J. Chirac).
Son action internationale fut également considérable. A la Fédération Européenne de Zootechnie (FEZ), il fut un participant régulier des réunions annuelles dans les divers pays, assurant la permanence de l’AFZ au sein de cette association et en s’y engageant pleinement. Il fut secrétaire, puis président de la commission de nutrition (1984-1994), membre du conseil d’administration (1994-1998), président du comité des publications (1998- 2000), président de plusieurs groupes de travail (1996-2005) sur l’enseignement supérieur, les élevages alternatifs ou les contacts méditerranéens. Il s’impliqua aussi très fortement au Centre International des Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes (CHIEAM), comme enseignant au centre de Saragosse (1968-1998), expert, conseiller scientifique, responsable de programmes et membre du comité consultatif scientifique (1987-1992). Il fut également membre ou responsable de plusieurs groupes de travail de la FAO (1990-1999). Il aborda ainsi une diversité de thèmes et de situations, à la demande des autorités concernées, dans de nombreux pays (production de lait et de viande en zone méditerranéenne, utilisation et gestion d’espaces steppiques et d’oasis par l’élevage, élevage et protection de l’environnement – en Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Algérie, Tunisie, Maroc, Egypte, Syrie, Palestine, Ethiopie, Somalie, Burkina-Faso).
Son activité enthousiaste et son dévouement furent inlassables dans toutes ces diverses actions au service des étudiants, des éleveurs de France et du monde, de la science agronomique et des diverses associations auxquelles il apporta son précieux concours. Grand pédagogue, il a marqué de son empreinte un grand nombre d’étudiants et de collaborateurs. Sa voie puissante ne retentira plus dans nos assemblées. Il savait attirer l’attention et développer ses convictions avec force, tout en restant modeste et simple avec tous. C’était un ami discret mais solide pour ceux qui l’ont bien connu et lui ont fait confiance. Il était officier de la Légion d’Honneur (2001) et chevalier de l’Ordre National du Mérite (1971). Ses obsèques religieuses ont été célébrées le 12 juin en l’église St-Michel à Dijon. En souvenir aussi de son épouse et de son fils qu’il avait eu la douleur de perdre au cours de sa vie.
Ses nombreux collègues et amis ne l’oublieront pas.
Claude Béranger, directeur de recherche honoraire à l'INRA
Julien Coléou
Julien Coléou nous a subitement quittés ce 6 août 2003. Avec lui disparaît une des personnalités les plus originales de la zootechnie française, et une figure majeure du dernier demi-siècle de l'Agro.
Né le 17 octobre 1926 à Plouguer (29), dans une famille paysanne nombreuse, il a passé son enfance à Plévin, au cœur de la Bretagne bretonnante. Ingénieur Agronome en 1951, il prolonge sa formation à l'ENSSAA, puis à la Faculté des Sciences de Paris. Il fait toute sa carrière à l'Agro, en zootechnie, de 1953 à 1995. Il est Professeur en 1964, Professeur Emérite en 1995. La trajectoire de Julien est singulière. Formé dans l'équipe prestigieuse du Professeur Leroy, il inaugure rapidement une voie personnelle, explorant des chemins jusque là peu visités, et contribuant de façon éminente au renouvellement de la zootechnie. Il est particulièrement attentif aux conditions concrètes de mise en œuvre des innovations par les éleveurs. Le Domaine de La Haizerie lui fournit un outil exceptionnel, pour le test de nouvelles techniques, la mise au point de nouveaux modèles de production, la confrontation avec le monde professionnel... Ses travaux portent sur les "instruments fourragers", grains et coproduits compris, leur conservation, les régimes et les performances zootechniques permises. Il noue une collaboration très féconde avec l'ITCF, dont il crée la recherche appliquée en production animale. Il joue un rôle majeur dans l'émergence et le développement de la production de taurillon, dans l'extension du maïs, dans l'essor de la déshydratation artificielle des fourrages. Il est au coeur de la relance des études sur le cheval dès 1970, contribue nettement au développement de l'aquaculture dès les années 1980. Simultanément, il développe dans la durée une activité intense en direction du Sud, au Maroc dans les années 1960, puis en Algérie où ses équipes compteront jusqu'à une trentaine d'ingénieurs. Un de ses derniers CV fait état de 183 missions à l'étranger, dans 33 pays.
Il crée à l'Agro un enseignement "d'économie et organisation des productions", sans équivalent dans les autres Ecoles agronomiques. Dès les années 60, il y parle "d'ensembles organisés de production animale", bien avant que la notion de filière ait émergé. Son enseignement est très lié au terrain, porte une attention constante aux acteurs, aux contraintes du marché, donc à la consommation ; nourri des contacts multiformes dans les entreprises, il donne toujours une vision internationale des questions. En 1968, il est parmi les acteurs majeurs de la rénovation pédagogique qui a marqué si profondément et durablement l'Agro. Il s'impose en homme d'interface, navigant en permanence entre formation, entreprises et monde professionnel, développement des filières. Jusqu'à ses derniers jours, son regard sur les enjeux essentiels : environnement, risque, image de la production animale... est très original.
Son attention aux élèves et anciens élèves était incomparable. Il a contribué à former 7000 ingénieurs, dont un bon millier de zootechniciens. Il a dirigé une cinquantaine de thèses. Son projet de formation était la raison et le ciment de son activité protéiforme. Pour soutenir celle-ci, il a créé au sein de l'INA P-G le Céréopa, et la société ERA pour être le support de ses actions vers le Sud. Il a présidé le Département des Sciences Animales pendant 15 ans, l'AFZ de 1985 à 1992, recherchant par cette dernière le croisement des compétences. Il a appartenu à plusieurs Conseils Scientifiques, à la CIIAA durant une vingtaine d'années. Il était membre de l'Académie d'Agriculture. A ses collaborateurs et collègues, il laisse l'exemple de l'ambition la plus exigeante pour son Etablissement, de l'engagement le plus fort pour ses élèves, et le souvenir de qualités humaines et d'un charisme en tous points exceptionnels.
Pour les collaborateurs de Julien,
Jean Lossouarn, professeur à AgroParisTech