L'Analyse n° 94 du Centre d'Etudes et de Prospective du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, publiée en novembre 2016, définit les relations entre l'Homme et les animaux domestiques, en mettant l'accent sur leur évolution sociétale.
Cette étude prospective revient sur les relations concrètes et quotidiennes qui existent entre les Hommes et les animaux, distingués en trois catégories : animaux sauvages, de rente, et de compagnie. La domestication y est décrite comme une évolution continue pendant des milliers d'années, depuis l'émergence de l'agriculture au Néolithique, qui a transformé les sociétés humaines, passant ainsi d'une ère de subsistence à une ère de surplus. Le processus domesticatoire, en engendrant un rapport Homme-Animal anthropocentré, a nécessité la mise en place de cadres collectifs culturels et moraux, de statuts juridiques qui définissent les droits des animaux. La notion de protection animale connaît un élargissement depuis 1990 et l'apparition de la notion de bien-être animal, ainsi que depuis 2015 où la législation a défini les animaux comme êtres doués de sensibilité. D'après cette analyse du CEP, la période contemporaine se traduit par une distanciation de l'Homme, notamment urbain, avec le monde animal, qu'il s'agisse d'animaux sauvages ou d'élevage. Nos visions du règne animal deviennent donc majoritairement influcencées par les images véhiculées par les médias de masse.
Au-delà des animaux d'élevage, notre relation avec les animaux sauvages et de compagnie a également évolué. La gestion des populations de certains animaux sauvages dits "sensibles" semble brouiller la frontière entre ces deux mondes, sauvage et domestique. De même, on constate un renforcement du lien entre l'Homme et les animaux de compagnie, élargissant d'autant plus la frontière avec les animaux de rente. L'élevage connaît en effet des évolutions importantes, passant de systèmes de polyculture-polyélevage où les animaux et les Hommes vivent à proximité, aux exploitations actuelles plus spécialisées, de plus grande envergure, et au sein desquelles la présence humaine se réduit. On observe également le développement récent de l'agriculture de précision qui gère plus spécifiquement chaque individu du troupeau, ainsi qu'une automatisation plus importante, notamment en ce qui concerne l'alimentation et la traite. D'un autre côté, des tendances nouvelles émergent, comme le retour à l'élevage de races rustiques, ou l'élevage biologique. La sociologie économique a décrit la complexité des opérations qui permettent de passer de l'animal entier à une marchandise vendue déjà découpée, et qui risque de "désanimaliser" la viande. Ainsi s'observe une volonté de développer les circuits courts, et les labels qui mettent l'accent sur les conditions d'élevage.
Cette analyse présente également trois cas symptomatiques d'évolution du rapport entre Homme et animal : le cheval, dont la place dans la société a suivi l'évolution du registre d'utilité de l'animal ; le loup, archétype des enjeux de cohabitation et de partage du territoire avec les animaux sauvages ; et enfin les palmipèdes gras, dont l'exloitation est source de débats récurrents entre les défenseurs du terroir et ceux de la cause animale.
La domestication des animaux, qu'ils soient de rente ou de compagnie, ainsi que le suivi des animaux sauvages, est en constante évolution. L'analyse proposée par le Centre d'Etudes et de Prospective, dont les grandes lignes sont résumées ici, propose une vision globale de cette évolution, et des problématiques actuelles auxquelles sont confrontées les productions animales françaises.
L'analyse n° 94 du Centre d'Etudes et de Prospectives a été publiée sur le site du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt. Les autres analyses du CEP y sont également consultables.